La dernière Taverne avant la fin du Monde

Un autre ancien RP que j'ai pas mal apprécié traversé au cours d'une aventure assez improbable, au commande d'un PJ étrange, et entouré d'une bande de gens tout aussi décalés. RIP Ludo'

*L'écriture est simpliste au possible, bien qu'attentionnée, on sent que l'auteur n'est pas du tout habitué à écrire*

Je suppose que je comprend l'intérêt qu'ont toutes ces gens à écrire des trucs pour dire ce qu'ils pensent. C'est très utile si en fait, on ne veut pas le dire tout haut, si on ne peut pas le garder pour soit, ou si on pense qu'on va crever avant d'avoir la chance de le dire tout haut.

Je remplis ces trois hypothèses, ça fait pas mal de raisons de me décider à prendre la plume, même si cette saleté me dégueulasse toute la table. Maudite. Bref.

On s'en tirait pourtant pas trop mal avec mon frangin. Une petite taverne dans les Souterrains du royaume, des tas d'enflures à abreuver, nourrir et cacher, en plus de leur servir d'intermédiaires pour un peu n'importe quoi. Et par dessus ça, la Reine a décidé que nos mains étaient déjà assez sales pour faire appelle à elles, histoire que les siennes restent propres. Je pensais pas que jeter un type mort à la mer payait autant.

Mais, manque de bol, visiblement on a fait trop de bruit, et mon frère s'est fait planter par une triplée de bourgeois. Inutile de dire qu'autant d'entre eux n'a vécu derrière très longtemps. C'était le frangin qui causait, moi normalement je dis jamais rien, j'agis. Maintenant je suis à la tête de la famille, quelle bonne blague.

Je suis le seul à savoir écrire, et encore, j'ai dû apprendre. On est les Beaunogurr, les enflures que les belles rues ne veulent pas voir, les pécores, les grossiers, les idiots, et j'en passe. Sauf que cette ville se sert de nous. J'ai donc prit la décision au bout d'un moment de nous ramener à la surface, avec une vraie belle taverne, celle de nos rêves, dans un quartier marin bien comme il faut.

Tout allait bien, les brochettes de rats s'arrachaient, et mes petites bières se vendaient bien, on restait amis avec les gars de l'ombre. Je restais toujours aussi maigrichon, mais je suppose que contrairement au frangin, je suis pas fais pour être gros. Mais, on avait pas à se plaindre, le voisinage osait pas lever le ton contre nous. On leur fait peur y paraît. On a pas toutes nos dents mais au moins on est souriants, c'est ce qui compte.

Mais forcément, il a fallut qu'une tuile nous tombe sur le coin de la figure. La peste a saisit le continent, en un tour de main, sans rien dire. Aux premiers signes, j'ai fais rentrer tous les notre dans la taverne et j'ai tout barricadé. On a attendu une semaine, c'est la faim et la puanteur qui nous a convaincu de sortir de notre trou. J'ai déjà entendu le silence,le vrai, je vous jure.

Mais pas comme celui-ci.

Des quartiers entiers vides, des rues mortes, un royaume devenu carcasse. Il ne restait plus que nous, pendant quelques jours on est restés hagards, y avait même pas de cadavres, c'est dire. Finalement, on s'est noué des torchons autour de la tronche, et on a continué notre petite vie. Ledovyk est allé chassé, Oalynn, ma p'tite femme, a reprit la cuisine, j'ai reprit la production de bière, Henry a reprit son rôle de gros bras, et Ludo a fait le service. On avait pas de clients, mais l'esprit était là.

On a attendu, je me promenais dehors quand j'ai entendu Oalynn crier. Un garde était rentré sans prévenir, un vrai garde, et il exigeait qu'on lui remette nos vivres, menaçant ma moitié de son foutu espadon. Lui et moi on sait quel bruit sa fait des dents brisées contre un comptoir, salopard. Après s'être remit, il a pigé qu'on était nombreux, en rognes, et pas mourants. Le gusse nous a expliqué que tous les malades, soit en gros tous le royaume, se retrouvaient cloîtrés dans le bagne près des côtes, et qu'ils allaient tous crever de faim.

Bien sûr, on s'est proposés pour ravitailler tout ça, pensez-vous, on a grand cœur. Mais surtout, la Reine s'y trouvait, et une Reine, c'est riche. Je pensais pas vendre une carcasse de reine à moitié cuite une centaine de pièces d'or un de ces jours, c'était l'équivalent d'une belle baraque. On a jamais vu autant d'argent défiler, c'était moche, mais on jouait sur la mort des autres. Le tout était franchement ironique, on avait pas arrêtés de nous cracher dessus, et voilà que même en les arnaquant, les gens nous désignaient comme des sauveurs. La peste rouge à dû les rendre fous, y paraît que ça a cet effet, ça, et ça fait cracher du sang au début.

Je regardais nos coffres s'emplir, je rêvais à ce que l'on allait faire par la suite. Se prendre un manoir, des serviteurs, devenir nobles ? Rien ne semblait impossible. Mais si Dieu était sympathique, ça se saurait. Et si tout allait bien, j'écrirai pas ce truc comme un abruti.

Y'a deux jours, Oalynn s'est mise à tousser, les autres ont voulus l'envoyer au bagne, mais après quelques menaces au couteau, ils sont devenus raisonnables. On ne fout pas ma Lylynn' au bagne. Mais j'ai du me rendre à l'évidence, hier, elle crachait du sang, partout, ça c'est mêlé à la bouffe. Je ne pouvais plus rien faire pour persuader les autres, même moi je ne pouvais plus nier.

Donc, elle ira. Mais pas seule. Moi aussi, j'y vais. Je doute jamais en ressortir, mais je ne la quitterai jamais, pas de mon vivant.  Et qui sait ce qu'ils vont lui faire là-bas, non, je truciderai toutes ces enflures jusqu'à mon dernier souffle.

Je ne te l'ai jamais assez dis ma Lylynn', mais, Je t'aime. Et pour ton départ, j'espère t'arracher un dernier sourire avec mes bêtises.

-Dèrry Beaunogurr, prétendu bon à rien.